Plan Grand Froid

Mercredi 28 février, 18h45. J’ai rendez-vous au centre de la Croix-Rouge du Perreux-sur-Marne pour participer à ma première maraude. Il fait très froid ce soir : les températures négatives sont aggravées par le vent polaire qui nous arrive de Sibérie depuis trois jours. Cécile, la directrice du pôle Social qui m’a appelée il y a quelques jours pour me demander si je pouvais participer à cette sortie, m’avait bien conseillé de multiplier les couches de vêtements. De fait, les quatre éléments de la tenue de la Croix-Rouge, mon collant long et mes deux écharpes ne suffiront pas à me protéger du froid.

Nous remplissons d’abord le camion de kits hygiène, de kits alimentaires et de cartons de vêtements, puis nous prenons la direction du SIAO — Services Intégrés d’Accueil et d’Orientation — à Créteil. En chemin, Christian, chef d’équipe du soir, m’explique comment nous allons fonctionner et me donne les instructions : j’apprends que c’est la Croix-Rouge qui gère le 115 sur le département. Qu’une équipe de maraude se compose systématiquement de quatre personnes, un chauffeur formé à manœuvrer notre véhicule (7 mètres de longueur pour 2,20 m de hauteur, un vrai mastodonte), un capitaine et deux bénévoles. Que les équipes de maraude bénévoles venues des centres de la Croix-Rouge de tout le département succèdent la nuit aux équipes professionnelles de jour, pour les soulager. Je sympathise avec Valérie, ma co-bénévole du soir, dont c’est la quatrième maraude.

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Uns fois sur place à Créteil, nous croisons les autres équipes qui tourneront sur le département en même temps que nous ce soir: Sucy-en-Brie, Vitry-sur-Seine… Tout le département est représenté. On se salue, on compare nos pompons, puis on repart avec un classeur qui détermine notre secteur de maraude du soir, la zone géographique que nous quadrillerons afin d’aller à la rencontre de personnes manifestement sans abri, et aussi de rendre visite aux sans-abris “connus” : ceux que d’autres équipes avant nous ont rencontrés et recensés, pour prendre de leurs nouvelles et leur fournir de quoi se réchauffer, manger… peut-être se loger. La règle, comme nous l’explique Christian, est de proposer systématiquement aux personnes que nous croiserons ce soir de les emmener dans un centre d’hébergement. Si une personne demande à être hébergée, nous devrons ensuite contacter la régulation pour demander — espérer ? — une place. Le département a ouvert de nouvelles places d’hébergement, dans le cadre du plan Très grand froid, mais il arrive qu’il ne reste plus de places.

Notre zone de quadrillage du soir : Créteil. Enfin ça c’est sur le papier, car à peine sommes-nous montés dans le camion que le régulateur nous demande de nous rendre à Fresnes, pour aller voir un couple pour lequel nous avons reçu un signalement de riverains. Une petite femme d’origine roumaine et son mari, que nous trouvons penchés sur un feu de fortune, coincés entre deux grandes avenues, sur un terrain ouvert à tous les vents. Pour eux, pas question d’hébergement. “On ne veut pas laisser toutes nos affaires,” nous explique la petite femme, dans un français hésitant. De fait, ils se sont installé un véritable petit camp. Au centre, leur feu de fortune ; sur le côté la tente surmontée de multiples couvertures et doublée de plastique imperméable. Tout, vêtements, nourriture (celle que nous leur donnons ce soir-là) a sa place précise dans ce chaos apparent.

Nouvelle dans l’ équipe, je me contente dans un premier temps d’observer et écouter les échanges entre mes coéquipiers et la dame (son mari, un peu en retrait, ne parle apparemment pas français). Peur d’être de trop, de faire “de travers”… Jusqu’à ce que je me retrouve seule avec eux deux tandis que mes coéquipiers s’affairent dans le camion, préparant soupe et café, recherchant des vêtements chauds. Elle me sourit, me parle de ses jambes qui la font souffrir (elle ne porte qu’un collant épais), et me montre des photos de sa famille. Elle me montre aussi une carte de couverture médicale périmée depuis trois ans, me dit qu’elle va bien par rapport à son mari. De fait, sa température, que nous mesurons, est plus basse que la sienne. Mais elle nous assure que la tente est chaude, nous montre des restes d’un sandwich grec donné par un habitant du quartier. Après qu’elle a encore une fois refusé de nous accompagner, nous les laissons elle et son mari sur place avec un nouveau stock de vêtements chauds, de la nourriture, et nous repartons en direction de Créteil.

En chemin, nous nous arrêtons à nouveau pour attendre que la régulation fasse le point : une dizaine de signalements sont arrivés au SIAO, l’objectif est de faire le tri pour envoyer les équipes les plus proches sur place. Au bout d’une vingtaine de minutes, nous repartons pour aller voir un homme installé sous un pont à Créteil. Nous le trouvons endormi sous une épaisse pile de couvertures. Lui aussi refuse de partir et nous répond, sans sortir de la masse de couvertures, qu’il n‘a besoin de rien. Nous repartons donc pour le centre commercial de Créteil, à la recherche d’un homme qui vit dans une voiture garée dans le parking. Sur place, de grands travaux sont en cours et nous ne trouvons pas de passage pour entrer avec le camion. Nous parcourons une partie du parking à pied et trouvons sa voiture vide. Plus loin se trouve un campement abandonné. Bredouilles, nous repartons sous les flocons de neige dîner dans le seul restaurant encore ouvert dans le coin, un fast-food. Alors que nous sommes assis à manger, la régulation nous appelle pour nous prévenir que la maraude est terminée, pour cause de risque de verglas.

Nous repassons au centre de régulation pour déposer le classeur et mettre à jour les fiches des personnes que nous avons rencontrées ce soir avec les notes prises en chemin. En quatre heures, nous avons vu peu de personnes et passé beaucoup de temps en attente d’instructions. D’autres équipes ont pu emmener des personnes dans des centres d‘hébergement.

Quand Christian me demande mes impressions sur la soirée, j’ai du mal à répondre : ce n’est pas le genre de question à laquelle on répond par “oui, pas mal” ou “bof”. Au moment où la régulation nous a appelés pour nous dire d’arrêter, je me suis sentie immensément frustrée. Frustrée d’en avoir fait si peu, frustrée d’avoir laissé ce couple dans le froid glacial, frustrée de n’avoir “vu” que trois personnes dans toute la soirée… Puis je me souviens de cette petite dame assise près de son feu de fortune. Du temps que nous avons passé ensemble ; des paroles échangés ; de son sourire. Et je me dis que je le referai.

Sortie du bois, deuxième !

Vous connaissez les “late bloomers” ? Cette expression très couramment utilisée aux États-Unis, Catherine Taret, qui est à moitié américaine, l’a beaucoup entendue au cours de sa (courte) vie. Mais par un de ces mystères de notre humanité qui fait que notre moi conscient a parfois besoin de beaucoup de temps pour réaliser et s’approprier une réalité qui est pourtant là — et nous le crie — depuis longtemps, elle a mis du temps à se rendre compte qu’elle faisait partie de cette tribu.

Livre Late Bloomer

Elle raconte sa prise de conscience dans le joli livre “Il n’est jamais trop tard pour éclore, Carnet d’une Late Bloomer”, sorti au mois de mai.

Le Late Bloomer, c’est une personne qui va mettre un peu plus de temps à véritablement “éclore” : comprenez par là réussir (selon sa définition personnelle), trouver sa voie, s’épanouir. Parfois cela s’appliquera au domaine professionnel, parfois au domaine amoureux ; d’autres fois aux deux domaines, voire à d’autres… 🙂

Le Late Bloomer, c’est cet acteur habitué aux seconds rôles qui rencontre la reconnaissance et obtient enfin des premiers rôles sur le tard, cette femme qui tombe amoureuse pour la première fois à 70 ans… C’est aussi moi par certains côtés.

Late Bloomer je suis

Autant je ne me serais pas appliqué ce qualificatif jusqu’à il y a peu de temps, autant le livre et l’échange auquel j’ai assisté avec Catherine Taret dans le cadre d’une soirée organisée par l’association Eklore, il y a quelques semaines, m’a laissée pantoise. C’est une expérience sacrément intense que d’entendre des mots qui ne résonnent habituellement que dans notre tête dans la bouche et avec la voix d’un autre être humain. Car même si l’on sait ne pas être seul au monde, les doutes et les peurs ont ce pouvoir sur nous de nous donner envie de nous recroqueviller sur notre seule vie intérieure, ces autocritiques généralement négatives qui ne nous aident pas à avancer et éclore 🙂

La Peur

La Peur

Ce type d’expérience de “communion” est rare et précieux. Depuis un an et mon expérience chez Switch Collective, dans le cadre du programme “Fais le bilan, calmement”, j’en vis beaucoup. La première a été douloureuse. Switch, j’avais décidé de m’inscrire après avoir longuement tergiversé. Cela faisait des années que je faisais un métier que j’avais moi-même choisi et alors que jusque-là mon activité tournait bien, je me suis retrouvée à avoir de plus en plus de mal à travailler, d’abord normalement, puis tout court. Je continuais de tenir mes engagements vis-à-vis de mes clients. Seulement je ne me sentais plus bien dans mon travail, le souffle n’était plus là et avec lui j’avais perdu l’énergie que j’avais toujours réussi à déployer pour gagner de quoi faire mon mois. Alors que je m’étais réfugiée dans un espace de coworking, en pensant que sortir de l’isolement m’aiderait, le malaise ne me quittait plus.

Les premières sessions du bilan ont été terribles. Imaginez : alors que vous ne vous sentez pas au mieux avec vous-même, voici un programme qui commence par vous obliger à vous recentrer sur vous et votre identité ! Pire, la deuxième semaine, on nous a demandé de réfléchir à nos peurs et de verbaliser toutes ces petites phrases, ces mots pas doux et critiques hyper-méchantes que nous nous disions dans notre tête lorsque nous pensions à changer quelque chose dans notre vie. “Tu n’y arriveras pas !” “Mais qu’est-ce que tu crois ?” “Ils vont se rendre compte que tu n’es qu’une imposture !”… C’est là que j’ai connu mon premier grand moment de communion avec mes co-switchers : lorsque j’ai entendu toutes ces phrases, pensées, qui jusque là régnaient dans ma tête, prononcées par d’autres personnes, partout autour de moi. Une expérience de “communion dans la peur” aussi éprouvante que transcendante. Sans résoudre mes angoisses, cette session m’a vraiment libérée d’un poids énorme, en me rappelant que toutes ces pensées étaient aussi et avant tout humaines. Le “choc de la révélation” passé, j’ai découvert dans les personnes qui m’entouraient des êtres eux aussi en souffrance dans leur travail — donc dans leur vie. J’ai ressenti cette souffrance à la fois similaire à la mienne et différente, unique, et je me suis sentie faire communauté avec mes camarades de promotion.

An outsider once, always an outsider ?

Social Good Week, UP conférences, OuiShare Fest, Place to B, Meetups en tout genre, TEDx… Depuis des années, j’écumais — j’écume toujours — les événements, buvant les paroles des intervenants, tentant d’apprendre, de me nourrir, pour essayer de diffuser toutes les belles choses et personnes que je voyais et découvrais. A défaut d’autre chose, je m’étais donnée pour mission de diffuser toutes les belles choses et initiatives positives que je voyais, pour les faire connaître. Une mission qui me tenait à cœur et que j’avais l’impression de faire bien, qui de plus s’alignait parfaitement avec un tempérament plutôt effacé, et une pulsion constante de rester plutôt en retrait, pour tenir le rôle qui semblait me revenir naturellement : celui de messagère-témoin. Après tout, c’est important aussi, les messagers !

Switch m’a aidée à sortir de la vision “monolithique” que j’avais de moi-même : destinée à rester dans ce rôle de témoin, de messagère. Diplômée universitaire au milieu de diplômés de grandes écoles et d’ingénieurs. Freelance de dix ans au milieu des entrepreneurs de mon espace de coworking. Traductrice au milieu des vrais journalistes, auteurs et artistes narrateurs de Place To B. “Outsider” parmi les professionnels du secteur, dans les soirées dédiées à l’innovation sociale, à la coopération… An outsider once, always an outsider. Je ressentais bien des tiraillements parfois, l’impression d’être peu reconnue. Mais pourquoi aurait-on dû le faire, puisque je ne faisais rien d’exceptionnel ou de particulier ?

Quand je me suis inscrite au programme, c’était pour me donner la possibilité de faire le point et de réfléchir enfin à toutes ces choses qui m’intéressaient en dehors du boulot, toutes ces sources de “flow”, pour réfléchir à la meilleure façon de les intégrer dans ma vie. Mais je ne me voyais pas, je ne m’autorisais pas à me considérer comme “en souffrance dans mon travail”. Après tout, j’avais choisi mon métier ! Après tout, je n’étais pas dépendante d’un employeur malveillant ! Mon idée au départ, c’était que je resterais traductrice, et que peut-être j’arriverais à développer une autre activité à côté : pourquoi pas du community management ou de la rédaction, des activités plutôt “de l’ombre”, alignées avec ma mission de “témoin-messagère”.

Late Bloomeuse

Plusieurs expériences de communion plus tard, me voici aujourd’hui, un an après la fin du bilan, late bloomeuse assumée et en devenir. Peu de choses ont changé en apparence dans ma vie : j’exerce toujours le même travail ! Mais grâce au bilan, à mes camarades de promotion, et après des années de procrastination, j’ai finalement fait mon “coming-out”. J’ai réalisé, après des années de piétinement, ce que je voulais vraiment faire, ou du moins mon Pourquoi : ce pour quoi j’ai envie de me lever le matin et de travailler.

Je suis porteuse d’un projet qui avance peu à peu, parfois intensément, porté par des rêves et un enthousiasme qui me laissent éveillée une partie de la nuit. Parfois timidement, quand je me retrouve face aux gens brillants, Barbares et Zèbres qui m’entourent et dont je m’entoure. Mais quelque chose a changé en moi : alors qu’auparavant je lisais, écoutait, admirais toutes ces personnes exceptionnelles en essayant de me faire petite, par peur que quelqu’un finisse par poser la question fatidique (“Mais que fais-tu là ?”), aujourd’hui j’arrive mieux à exprimer ce que je suis et à me placer sur un plan plus “égal” par rapport à elles. Parfois, je me sens même en communion avec certaines d’entre elles. Et cela, ça n’a pas de prix 🙂

Mille mercis à Clara Delétraz et Béatrice Moulin, fondatrices de Switch Collective, à Catherine Taret pour ce beau livre, aux mutins qui se reconnaîtront… et surtout à mes co-switchers (Promo 5, la meilleure ! :))

Réconomie, première

Depuis le début de l’année, un petit groupe de transitionneurs du Val-de-Marne et au-delà s’est formé pour étudier le concept de réconomie et surtout réfléchir aux possibilités de monter un ou plusieurs projets de réconomie dans le Val-de-Marne.

Définition

La réconomie est la traduction facile du terme Reconomy, le nom d’un sous-réseau dans le réseau Villes et Territoire en transition qui réunit des communautés locales cherchant à transformer leur économie pour la rendre plus résiliente, plus durable et globalement meilleure pour le bien-être des citoyens.

L’objectif de la démarche de réconomie : permettre à la population locale sur un territoire donné de développer une nouvelle forme d’économie locale, en termes monétaires (revenus et emplois), sociaux et environnementaux.

Après des discussions en cercle relativement fermé sur le sujet, nous avons décidé d’organiser une première sortie « publique » mi-juin, afin de tester des outils qui pourraient être pertinents pour avancer dans la démarche… et aussi de recueillir les impressions et retours de personnes étrangères au projet. Nous remercions la Maison des Acteurs du Paris Durable, qui a accepté de nous accueillir pour cette soirée expérimentale, dont voici un petit compte rendu.

Introduction

Le rendez-vous était donné à 18h30, pour une soirée découpée en trois parties. Dans la première, des porteurs de parole ont accueilli les participants pour leur souhaiter la bienvenue et aussi réaliser des petites interviews. Chacun était invité à donner sa propre définition d’une économie locale plus résiliente et durable. Le résultat de cette première partie est résumé ci-dessous dans deux nuages distincts : d’un côté, la vision du système actuel. De l’autre, celle d’une autre économie.

 

 

 

Après avoir profité du dîner en mode auberge espagnole, nous avons rapidement introduit la soirée et le concept de réconomie tel qu’il a été défini par le mouvement des Villes et territoires en transition, sans entrer dans les détails, car l’objectif de la soirée était d’expérimenter.

Anticipation…

Le premier exercice proposé était une « tempête de cerveaux » sur le mode « What if? » en 2030. Et si… il n’y avait plus de voitures ? Et si… il n’y avait plus d’Internet ? Les 23 participants, réunis en groupe de cinq à six personnes, ont été invités à réfléchir à un de plusieurs scénarios possibles proposés sous forme de cartes de jeu. Pour orienter la réflexion sans (trop) la brider, chaque groupe devait aussi tirer une carte « thème » contenant des informations plus contextuelles.

 

Au terme de la tempête de cerveaux, chaque groupe a proposé à l’ensemble des participants une restitution du résultat… si les présentations étaient plus ou moins structurées, toutes avaient le point commun de présenter un monde où il faisait mieux vivre, malgré des scénarios initiaux a priori anxiogènes.

 

… et changement de perspective

Après ce premier exercice d’anticipation, nous nous sommes de nouveau rapprochés du cœur du sujet de la soirée, en proposant l’exercice de l’interview ABCD. Nous avons proposé aux personnes qui en avaient envie de partager avec d’autres participants sur le déroulement d’un projet réussi. Les seules règles étaient de choisir un projet qui s’était fait en équipe, à l’initiative et sous le pilotage de citoyens plutôt que de collectivités.

A notre belle surprise, les participants sont ressortis très enthousiastes de l’exercice, et avec des témoignages aussi intéressants que variés : on avait pêle-mêle un projet plutôt politique (Ma voix, dont j’ai parlé déjà 🙂), un autre de création d’un jardin de quartier, un troisième encore autour de l’organisation d’une grande fête de la transition…

L’intérêt de ce type d’exercice ? Outre le partage d’expériences, l’idée était d’introduire en douceur un changement de perspective dans la tête des participants, pour les faire sortir de leur mode de réflexion habituel, porté sur l’analyse de problèmes à résoudre, et passer en mode ABCD.

ABCD ?

ABCD, ou « Asset-based Community Development », est une méthode qui consiste à observer une communauté (un collectif / quartier / une organisation) sous la perspective de ses atouts/ressources/forces, plutôt que par le biais de problèmes à résoudre, pour favoriser son développement sur la base de ces ressources. Autrement dit, en considérant le verre comme à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Si ça a l’air simple dit comme ça, la méthode ABCD implique dans les faits un vrai changement de mode de pensée. Pour vous en convaincre, posez-vous donc la question suivante : si vous vous retrouviez face à un homme qui a faim, lui donneriez-vous un poisson… ou lui apprendriez-vous à pêcher ?

Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. Donner un poisson à quelqu’un c’est le nourrir pour un jour, lui apprendre à pêcher c’est le nourrir pour la vie.

Confucius

La théorie de départ, c’est celle selon laquelle les citoyens se trouvent généralement tout en bas d’une échelle de pouvoir, que ce soit dans leurs rapports avec les entreprises ou les services publics : au mieux consommateurs de services, de produits ou de prestations, au pire assistés, voire victimes selon l’échelle de l’ABCD Institute. En changeant le mode de réflexion, pour réfléchir non plus en termes de besoins mais de forces, de ressources disponibles, l’idée est de permettre aux citoyens de véritablement reprendre la main pour changer de rôle et monter peu à peu sur l’échelle… en se réappropriant leur vie et celle de leur communauté.

 

 

Le collectif de transition de Totnes, berceau des Villes et territoires en transition, s’est appuyé sur le même principe pour lancer ses projets de réconomie en 2011 : dans une première phase, des habitants de Totnes se sont réunis afin de travailler à répertorier l’ensemble des ressources locales, pour ensuite bâtir des projets sur la base de ces ressources. Aujourd’hui, le projet Reconomy a donné naissance à beaucoup de sous-projets dans les domaines de l’alimentation, de l’habitat, de l’énergie… contribuant à redynamiser l’économie de Totnes et à renforcer sa résilience.

Au cours de nos premiers échanges pour lancer une réflexion sur un projet Réconomie dans le Val-de-Marne, l’un de nous a mentionné la méthode ABCD comme un outil potentiel pour cette première phase de collecte et de maillage des ressources de notre territoire. Nos premières analyses – et cette expérience – nous confortent dans l’idée que c’est une méthode intéressante à appliquer et à diffuser.  Actuellement, l’ABCD Institute forme et assiste des communautés un peu partout dans le monde (anglophone) dans des projets de développement basés sur la méthode ABCD. Aux dernières nouvelles, il prévoit d’organiser un premier événement en France au début de l’année 2018… avant peut-être de commencer à proposer des formations ici. A suivre donc 🙂

 

Si cette soirée n’a pas fait avancer la réflexion sur le projet Réconomie en Val-de-Marne en lui-même (ce n’était pas le but), elle nous a donné l’occasion de nous essayer à une autre façon de penser et d’expérimenter des outils intéressants. Nous voulions aussi semer quelques graines, pour trouver d’autres contributeurs, voire susciter des projets ailleurs. Si le sujet vous interpelle et que vous souhaitez contribuer, n’hésitez pas à nous faire signe : nous sommes encore au début de la réflexion, et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues 🙂

Pour plus d’informations sur la méthode What if? http://www.whatiflab.org

Pour en savoir plus sur la méthode ABCD : TEDx talk de Cormac Russell

Sur le projet Reconomy (en anglais) : http://reconomy.org/

Le site de Val-de-Marne en transition : http://val-de-marne-en-transition.org/

Le site du collectif Transition Paris Île-de-France : http://transitionparisidf.fr/

 

 

 

 

 

Météo citoyenne d’un week-end de mai

Ouf !

Hier soir, au Cosy Corner, alors que je tentais — difficilement — de travailler pour faire taire l’angoisse qui me taraudait depuis quelques heures, les soupirs de soulagement de mes voisins de table et le son des klaxons dans la rue m’ont annoncé le résultat électoral. Soulagement. Soulagement de voir une campagne aussi violente que mauvaise, parfois indécente, prendre fin. Soulagement de ne pas voir passer l’Extrême-droite.

Ces prochains jours, j’ai décidé de savourer ce sentiment de soulagement jusqu’à la lie, et de ne pas me lamenter — encore ? — de ce que nous nous retrouvons avec un nouvel oligarque-banquier-et-que-sais-je-encore à la tête du pays. Je veux savourer le fait que notre démocratie, aussi bancale soit-elle, est simplement préservée. Parce que ce dimanche, j’ai simplement accompli mon devoir de citoyenne et que j’ai eu la chance — pour la première fois depuis longtemps — de me retrouver dans la majorité. Rideau sur la présidentielle.

Le mot de la fin par @NeinQuaterly, grand philosophe germano-américain très actif sur Twitter

Et ensuite ?

Aussi fort soit mon soulagement, le vrai flow citoyen de mon week-end, je l’ai expérimenté samedi, au milieu d’autres citoyens comme moi regroupés sur le toit de la Cité de la Mode et du Design. La raison de ce rassemblement : tirer au sort des volontaires pour représenter le mouvement Ma Voix aux élections législatives, dans un mois. Sexy, non ? 🙂 En découvrant Ma Voix, il y a un peu plus d’un an, j’ai rencontré des personnes un peu désabusées comme moi, qui s’étaient rassemblées autour d’un projet un peu fou : faire élire des députés à l’Assemblée nationale…

Ces députés seraient issus de la société civile, après avoir été tirés au sort parmi des volontaires, et prendraient part au vote des lois non pas sur la base de leurs convictions personnelles, mais sur celle des opinions exprimées par des milliers de citoyens sur une plateforme en ligne. Leur raison d’être : “hacker l’Assemblée nationale”, soit littéralement infiltrer un système législatif aujourd’hui verrouillé et rigide, pour y injecter un nouveau code, un peu de démocratie liquide.

Au printemps dernier, au cours de plusieurs soirées et week-ends de travail passés avec Ma voix, je me suis découvert animal politique : un animal politique qui avait envie de retrouver plus de prise sur sa vie et sa citoyenneté, pour sortir du rôle de simple électeur dans lequel il était confiné une fois tous les … ans.

J’ai contribué, comme des dizaines d’autres personnes, à la préparation de la première campagne législative du mouvement : une campagne organisée en un temps record, à l’occasion de la tenue d’une législative partielle anticipée dans une circonscription de Strasbourg.

J’ai des souvenirs mémorables de ces réunions. Je me rappelle de séances de test utilisateur sur la plateforme de formation créée spécialement pour former les futurs candidats (A quoi sert un député ?), de relecture des supports de formation sur notre système législatif, et aussi de cet après-midi de brainstorming fertile dont est sorti ce drôle de prototype d’affiche : imaginez une grande feuille de papier avec une feuille d’aluminium en son centre (créée sur place avec les moyens à disposition :))… Une affiche “miroir”, dans laquelle chaque électeur verrait son image reflétée… Une belle façon de marquer l’absence d’ego et la raison d’être de Ma Voix ?

Je me souviens de discussions enthousiastes mais enflammées entre les convaincus et les sceptiques, qui craignaient que ce soit trop original… voire trop cher. Hier, sur le toit de la Cité de la mode et du design, j’étais émue de revoir cette affiche qui est devenue celle de tous les futurs candidats Ma Voix, et surtout de retrouver une communauté, un mouvement, qui s’est véritablement épanoui en un an.

Hier, nous avons tiré au sort 86 personnes — 43 hommes et 43 femmes — sur les quelque 500 volontaires qui s’étaient inscrits, pour représenter Ma Voix dans 43 circonscriptions françaises. Nous avons surtout célébré la concrétisation d’une utopie, la poursuite d’une expérience collective à travers laquelle nous (ré)apprenons à nous approprier notre citoyenneté et à la vivre activement et en dehors des calendriers électoraux.

Une partie des candidats et de leurs soutiens : à gauche, on devine le flanc du bâtiment de l’Assemblée nationale. Au fond, les drapeaux surplombent l’entrée de la boutique de l’Assemblée Nationale, véritable curiosité locale par ailleurs 🙂 Pour des raisons de sécurité, les policiers ne nous ont pas autorisé à nous rassembler devant le bâtiment.

Bien sûr, si l’on regarde les choses objectivement, on constate qu’au total les candidats Ma Voix seront présents sur moins de 10 % du nombre total de circonscriptions. Bien sûr, il reste beaucoup de travail pour mener les campagnes dans chaque circonscription… et la collecte des quelque 2 500 euros nécessaires pour financer chaque campagne notamment ne sera pas une mince affaire. Bien sûr, cela reste une utopie.

Mais lorsque je regarde le chemin parcouru et que je vois, ressens, l’énergie qui transcendait tout le monde samedi (candidats, groupes de soutien, bénévoles et “simples” citoyens comme moi), je me dis que si le vrai pari est, comme je le pressens, de créer une nouvelle expérience citoyenne et une autre façon de s’engager, pour permettre à chacun de se réapproprier sa citoyenneté et de reprendre sa place dans l’espace public… alors ce pari-là est bien engagé. Et c’est bien ce qui compte 🙂

Le site de Ma Voix : https://www.mavoix.info/

Et vous, vous l’aimiez l’école ?

Après le rendez-vous O21 du Monde le week-end d’avant, la semaine dernière était encore une fois centrée sur l’éducation, avec l’avant-première du film “Une idée folle” de Judith Grumbach au Forum des images. Un gros coup de cœur pour un film à voir et diffuser absolument.

Indice pour les moins de… qui s’interrogeraient sur le titre du film 🙂

Le projet

Au tout début du projet, il y a une rencontre entre une réalisatrice, Judith Grumbach, en pleine interrogation sur l’éducation et l’école suite aux attentats de 2015 ; de l’autre, l’organisation Ashoka, qui souhaitait produire un film documentaire sur des écoles qui proposent des méthodes pédagogiques innovantes. La mission initiale de la réalisatrice était d’aller visiter neuf écoles, neuf “change maker schools” sélectionnées par Ashoka à travers la France pour proposer un reportage constitué de séquences de trois minutes par école.

Au final, elle est revenue de ce tour de France avec 26 heures de rushes et l’envie de rendre justice à tout ce qu’elle avait vu en proposant un long-métrage, qu’elle a enrichi des commentaires de trois experts (François Taddei, Jérôme Saltet et Emmanuel Davidenkoff). Petit portrait-robot de l’école idéale telle que je l’ai entrevue à travers ce film.

“ La colonne vertébrale de ces écoles : la citoyenneté.” Judith Grumbach

L’école que dévoile le film est autant lieu d’enseignement que laboratoire d’expérimentation : expérimentation de savoirs, pour permettre à chaque élève d’acquérir un corpus de connaissances de base (le programme de l’éducation nationale est suivi), mais aussi expérimentation citoyenne, pour apprendre à chaque élève à trouver sa place d’abord à l’école, puis plus tard en société, et cultiver chez lui des attitudes d’acteur de changement. Des compétences qui lui seront essentielles dans son futur professionnel.

Cette école fonctionne sur un mode plus horizontal : les enseignants n’y inculquent plus des savoirs du haut de leur chaire, mais sont au milieu de la classe, avec les élèves, et les assistent dans leur exploration, s’adaptant au mode d’apprentissage de chacun pour lui permettre de trouver les réponses par lui-même.

Elle n’est pas un lieu à part : elle s’intègre entièrement dans son écosystème, et bénéficie du soutien de tous, collectivités, parents et même riverains.

“Ce n’est pas un métier individuel : il faut former une équipe autour de soi.” Isabelle Peloux (Ecole du Colibri)

L’école idéale place au premier plan la bienveillance : bienveillance entre les enseignants et les élèves, bienveillance entre les élèves, bienveillance entre l’école et son environnement. Au cours des discussions qui ont suivi la projection, un spectateur a fait justement remarquer que pour faire preuve de bienveillance, il était important que les enseignants soient eux-mêmes bien dans leur peau. Une remarque confirmée par Isabelle Peloux, qui a rappelé que les enfants, surtout les plus petits, sont en recherche de repères : ils cherchent des adultes qui tiennent debout et qui leur donnent envie de grandir. Dès lors, des adultes plus libérés, qui aiment leur métier et disposent des moyens de l’exercer de la meilleure façon sont leurs meilleurs modèles.

Judith Grumbach, la réalisatrice, au milieu de trois des enseignants qui apparaissent dans le film

Last but not least : comme leurs enseignants, les élèves de cette école aiment y aller et s’y sentent comme chez eux. Bien sûr, nous ne sommes pas chez les Bisounours, il y a bien des heurts et des disputes. Mais le plaisir qu’ont tous les enfants, les parents et les enseignants des écoles montrées à être et vivre ensemble transparaît dans le film. C’est positif, joyeux et très beau 🙂

A la fin de la projection mardi, les applaudissements étaient nourris et l’émotion forte et palpable. La rumeur dit que Najat Vallaud-Belkacem aurait déclaré le film “de salubrité publique” ! Il s’agit maintenant de le diffuser autant que possible : des projections citoyennes sont programmées un peu partout… et l’équipe du film est prête à répondre à toutes les propositions. Vous pouvez les contacter au choix via le site du film ou sa page Facebook. A nous de jouer 🙂

Trouver sa place dans le monde

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“Deux jours pour trouver sa place dans le monde de demain” : c’était le “sous-titre” de l’événement O21, organisé par Le Monde Education à la Cité des Sciences et de l’Industrie ce week-end. Un événement auquel j’ai hésité à participer, car je n’avais clairement pas le profil du public visé : ni lycéenne, ni étudiante, ni même parent de … Malgré mes hésitations initiales, je ne regrette pas de m’être levée 🙂 Je me suis sentie plutôt à ma place et ce que j’ai entendu au cours des deux sessions que j’ai suivies dimanche matin, sur la créativité et l’autocensure, m’ont plutôt parlé.

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Jusqu’à il y a peu, la créativité, c’était pour les autres. J’y voyais une qualité de voir le monde, d’imaginer, de créer, une capacité de fantaisie (dans le sens littéraire du terme) dont j’étais totalement dépourvue. Depuis quelque temps, progressivement, je révise le côté catégorique de ce jugement. Un fait est clair : je ne serai jamais une artiste (sorry, Daddy :)). Mais je me découvre ces derniers temps des aptitudes et une (certaine) capacité de créativité et d’idéation que je n’aurais jamais soupçonnées. Comment ont-elles finalement émergé ? Par l’action conjointe de plusieurs facteurs qui, oh coïncidence, ont été cités par les “spécialistes” qui intervenaient hier lors de la session O21 sur la créativité. Revue de détail.

La créativité ne s’apprend pas… Elle se réveille

Comment ? Par des rencontres, par la confrontation à la nouveauté. Pourquoi ? “Pour activer sa créativité, pour entraîner ses réseaux de neurones et créer de nouveaux chemins neuronaux”. Une explication biologique de Stéphane Mallard-Cabocel qui m’a moins émue que le conseil plus poétique du consultant en créativité Rémi Sabouraud : “Mon conseil: se créer son propre cabinet de curiosité intérieur.” En entrant dans un musée alors qu’on ne l’avait pas forcément prévu, en allant voir un film qu’on n’était pas parti pour voir, en descendant du métro une station avant la sienne… En faisant des choses nouvelles, pour collecter des bouts d’expérience qu’on pourra mettre bout à bout pour faire émerger et trouver des idées. Pour faciliter la créativité, il faut faciliter l’expérimentation et le prototypage pour sortir du mode purement intellectuel dans lequel nous restons trop souvent bloqués.

Oui mais…

C’est bien beau, vous avez sans doute déjà lu des conseils comme ceux-là, n’est-ce pas ? Oui, bien sûr, et à mon âge avancé par rapport à la moyenne du premier public visé par O21, c’est également mon cas 🙂 Malgré cela, hier, tous ces conseils ont résonné en moi, sans doute plus qu’ils ne l’avaient fait auparavant, comme le font des conseils dont on sait au plus profond de soi qu’ils sont vrais et surtout qu’ils n’ont rien de gratuit. La session sur la créativité était très justement suivie d’une session sur l’autocensure (et surtout les moyens pour arrêter de s’autocensurer), au cours de laquelle l’un des intervenants l’a dit justement : “Vous pouvez vous dire que c’est facile pour nous de parler depuis cette scène. Il faut vous dire que nous étions comme vous au départ. Et que nous avons aussi beaucoup travaillé.”

Ma créativité : un chantier en construction

Personnellement, j’ai longtemps pratiqué l’autocensure, parfois aidée mais le plus souvent de moi-même. Hier, l’excellent slameur Loubaki a raconté l’histoire de LA rencontre qui l’a fait changer et sortir de la spirale de l’autocensure : une rencontre avec un professeur lors de sa troisième de droit, le premier qui lui ait dit : “Vous pouvez faire ce que vous voulez !”.

A la fin vous êtes votre propre enseignant : à vous d’explorer et de vous ouvrir à de nouvelles choses

De mon côté, j’ai mis un peu plus de temps, et j’ai eu besoin d’un peu plus de rencontres pour arriver à casser ma tendance à l’autocensure et à me donner un peu plus de crédit créatif. En fait, je continue de faire ces rencontres régulièrement.

Comment ? En sortant de chez moi pour aller coworker, c’est-à-dire travailler, déjeuner, échanger, avec des personnes aussi différentes entre elles que bienveillantes. Dans un lieu où je me sens appartenir à une communauté avec laquelle je partage des valeurs et dans laquelle je ne me sens à ma place. Pour réveiller sa créativité, les intervenants recommandaient hier de participer à des des jams, des hackatons, des bootcamps, et d’aller dans des tiers lieux afin d’échanger avec des personnes de différents horizons. De par mon expérience, je ne peux qu’être d’accord avec ce conseil. D’autant qu’aujourd’hui ça devient bien plus facile, du moins dans les grandes villes. C’est ce qui me donne envie aujourd’hui, un jour, de créer moi-même un lieu là où je vis : pour permettre aux personnes de se rencontrer, d’avoir des idées, de créer… de se faire leur place dans le monde d’aujourd’hui et de demain. Et vous, où en êtes-vous dans votre créativité ? 🙂

PS : en bonus, vous pouvez accéder en cliquant sur le lien ci-dessous à la vidéo du slam de Loubaki, « Dans les starting-blocks » (merci à Sonia Jouneau pour l’enregistrement).

Dans les starting-blocks

On est partis pour commencer à créer, 

On est partis pour ne plus s’arrêter, 

Ce parti vient bousculer les traditions 

Et s’il le faut on fera notre révolution

Loubaki (slam)

Réenchanter nos villes : on commence quand ?

Réenchanter les villes. Si comme moi vous vous intéressez au sujet de l’avenir des villes et de la transition citoyenne, vous n’avez pas manqué de voir ces mots souvent accolés l’un à l’autre ces derniers temps. Très à l’affût moi-même d’informations sur le sujet de l’avenir des villes et du rôle que les citoyens peuvent y jouer, je suis allée voir la conférence proposée par le magazine Kaizen à la Recyclerie lundi 20 février, sous le titre “Réenchanter sa ville : quels acteurs pour quelle transition”.

En termes d’acteurs, ils étaient quatre : des artistes, avec le collectif MU, des architectes (agence Devillers), la mairie de Paris et le collectif Yes We camp!, qui gère les Grands voisins, un formidable tiers-lieu, écosystème associatif et entrepreneurial, et laboratoire de hacking urbain en plein cœur de Paris.

Construire la ville autrement, avec ses habitants

Le collectif Yes We camp! est actif sur le site des Grands voisins, mais aussi et surtout à Marseille, d’où il est originaire. Son motto : créer des lieux “autorisants”, dans lesquels chacun peut expérimenter la ville autrement et a sa légitimité, des tiers-lieux dans lesquels les activités se développent en concomitance. Des villes comme Paris, qui prend peu à peu l’habitude de donner accès aux friches et terrains en attente de construction à des collectifs tels que Yes we camp! (il s’écoule souvent plusieurs années entre la mise à disposition d’un terrain et la construction), s’inspirent des modes de vie qui émergent de ces lieux pour construire la ville autrement, avec ses habitants plutôt que sans eux. Ainsi la ville de Paris a revu ses plans en ce qui concerne les futurs ensembles qui verront le jour sur le site des Grands voisins, sur la base des observations faites dans ce qui est un véritable laboratoire d’expérimentation.

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Ce mode de hacking urbain, par lequel les habitants se réapproprient leur ville pour mieux la modeler à leurs besoins et aussi mieux vivre ensemble, est encore marginal. Une personne dans le public a demandé comment il serait possible de tenter de telles expérimentations en dehors de Paris, dans les villes de province. Certaines villes les encouragent, en mettant à disposition des terrains ou des locaux inoccupés. Mais le plus souvent, ce sont des collectifs de citoyens qui repèrent des lieux inoccupés et les réinvestissent, avec ou sans autorisation.

Imagine…

Imaginez que ce type de tiers-lieu se propage au-delà de Paris et des grandes villes, dans les villes de province… et aussi de banlieue. Dans ma banlieue, le Val-de-Marne, de nombreux groupes et collectifs, à l’instar des Colibris, de l’association Boucles de la Marne en Transition (dont je fais partie), cherchent à promouvoir une transition vers des villes et territoires plus résilients et durables et où il fait meilleur vivre. Leur conviction : l’avenir des villes et des territoires se construira avec et par les citoyens.

J’ai un rêve…

Je rêve d’un tiers-lieu qui ne serait pas temporaire, un lieu qui accueillerait tout le monde, “transitionneurs” ou simples citoyens, et qui leur offrirait un espace dans lequel ils pourraient travailler, collaborer, co-construire notre territoire. Parce que la banlieue, c’est autre chose que des cités(-dortoirs). Parce que le “Grand Paris”, ce n’est pas que Paris. Je suis au début de la réflexion sur le sujet, et je recherche des personnes à qui il parle pour la poursuivre et éventuellement monter un projet. En guise de première étape, j’ai créé un groupe Meetup, dans lequel je compte proposer des rencontres ou des sessions de coworking dans différents tiers-lieux… L’idée étant de faire connaissance et aussi de découvrir ce qui se fait ailleurs pour y trouver des inspirations. Vous venez ? 🙂

NB : pour en savoir plus sur la conférence “Réenchanter la ville”, vous pouvez consulter son storify ici.

Le printemps sera citoyen !

Hier soir, le collectif Open Source Politics présentait le film documentaire “Un printemps citoyen” chez Volumes Coworking. Pour réaliser ce film autofinancé, Ryslaine Boumahdi s’est rendue dans plusieurs pays qui font actuellement figure de “laboratoires démocratiques” et qui sont assez proches de nous, notamment l’Espagne et l’Islande. Sans rien “spoiler”, voici un mini compte rendu de ce que j’ai ressenti et retenu pendant et après projection, pour vous donner envie d’aller le voir et de le diffuser 🙂

Premier ressenti : l’envie et le besoin de changement sont universels

Les gens qui nous gouvernent aujourd’hui ne nous représentent ni socialement, ni politiquement. Loïc Blondiaux

Que les intervenants soient américains, islandais, espagnols ou français, tous expriment la même chose, le même “écoeurement” face à un système qui n’est plus représentatif, que ce soit sur le plan social ou politique.

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La différence entre ces pays dans lesquels des transformations sont véritablement en place par rapport à la France ? Je retiens deux hypothèses avancées par la réalisatrice et par le professeur de science politique Loïc Blondiaux : une crise comparativement moins grave chez nous… et aussi des différences d’ordre culturel.

La démocratie au-delà d’institutions, c’est un état d’esprit de la société, une façon différente de faire société. Loïc Blondiaux

Deuxième ressenti : le changement viendra des villes

J’en étais déjà (quasiment) convaincue, le visionnage de ce film me conforte dans l’idée que c’est à l’échelon des villes que les citoyens peuvent véritablement s’engager et aussi que de nouveaux acteurs démocratiques (et les outils qu’ils développent) peuvent engager les citoyens : les villes de Barcelone et Madrid, “gagnées” par les héritiers du mouvement des Indignés en Espagne, sont à ce titre exemplaires et valent à elles seules de voir le film.

Je retiens aussi, là encore, l’exemple islandais de la Citizens Foundation, qui a créé une plateforme une semaine avant les élections municipales : à Reykjavik, la capitale islandaise, les électeurs ont utilisé en masse la plateforme pour répondre à l’appel du Parti pirate qui les invitait à co-créer le programme (1500 contributions de 20000 personnes, sur une population d’environ 40000 électeurs en une semaine !). Les intervenants interviewés dans le film le confirment : quand on laisse la parole aux individus sur des choses qui les concernent directement, alors ils s’engagent et sont force de proposition.

“La dernière fois qu’on m’a demandé mon avis ? Pour voter sur une obscure constitution européenne” (traduction -assez- libre d’un intervenant espagnol interviewé dans le film)

Troisième ressenti et conclusion : la Démocratie est un cheminement continu

Loïc Blondiaux l’a bien exprimé : même si l’on réécrivait la Constitution, il ne s’agirait pas de faire table rase du passé (et des Droits de l’homme et autres progrès obtenus depuis des siècles). D’autant qu’encourager une participation plus massive ne sera pas la garantie d’un pouvoir exercé pour le bien commun (les formidables outils et plateformes de participation déployés peuvent même être redoutables dans les mains d’acteurs “trumpistes”, selon la terminologie employée par Loïc Blondiaux). Bien utilisées, ces nouvelles plateformes peuvent apporter à notre vie démocratique la transparence et la capacité de contrôle qui manquent cruellement, pour enfin favoriser ce que les “anglophones” du film appellent une “responsive and accountable governance”, à savoir une gouvernance plus responsable, même si ce terme ne traduit pas entièrement le sens de l’anglais “accountability”. Pour mieux ce terme, je vous renvoie vers le film “Notre monde” , de Thomas Lacoste, sur lequel j’avais écrit un article, et en particulier cette explication de Bastien François, que je trouve très éclairant sur ce sujet : http://bit.ly/2mnPGkV.

Le constat est unanime : alors que nous sommes au 21e siècle, nos instances de décision politique datent du 18e siècle. Il serait sans doute temps de changer d’outils démocratiques, d’abord pour renforcer leur représentativité, et ensuite pour inciter les citoyens à s’engager et à participer à ce qui influe directement sur leurs vies. Car malgré le sentiment d’urgence insufflé sans arrêt par les médias, nos gouvernants, et aussi un système d’expression citoyen restreint à un vote toutes les (x) années… la démocratie est un processus qui se construit pour aujourd’hui et pour demain. Par des citoyens contributeurs plutôt que simples contribuables.

Autoproduit, le film est également proposé en “autodiffusion”. Traduction : le but est de diffuser ce film le plus possible ce printemps, dans des cinémas ou ailleurs. Si cela vous intéresse, vous pouvez contacter l’équipe de production et de diffusion (réduite à mon humble avis) directement sur la page Facebook du film.

En bonus : le compte rendu Storify de la soirée d’hier

Parlons économie circulaire !

Hier, j’ai passé le début de soirée à la Recyclerie, un très bel endroit à la fois restaurant, ferme urbaine et haut lieu de promotion « des nouvelles pratiques du quotidien« , pour un apéro organisé par Koom autour de l’économie circulaire. L’occasion de rencontrer quatre acteurs de l’économie circulaire venus présenter leurs projets actuels au grand public, leur proposer des défis à relever dans la vie réelle… et proposer une définition de l’économie circulaire qui soit à la fois accessible et simple.

C’est quoi l’économie circulaire ?

Cela fait un certain temps que j’étudie le concept de mon côté, en lisant des articles et en assistant à des conférences sur le sujet. Pourtant, comme les professionnels qui étaient présents hier soir pour en parler, je me suis retrouvée un peu bloquée lorsque la question fatidique a été posée, pourtant la question la plus importante : « Pourriez-vous définir ce qu’est l’économie circulaire ?  » Il y a eu débat entre les intervenants pour savoir qui répondrait d’ailleurs 🙂

Le concept étant large, j’ai été chercher une image suffisamment simple mais pertinente pour illustrer le concept.

Contrairement à notre modèle économique linéaire, dans lequel des matières sont extraites pour fabriquer un produit que le consommateur achète, puis utilise avant de l’envoyer en recharge, l’économie circulaire s’intéresse à une phase de la vie des produits à laquelle peu d’acteurs s’intéressent encore aujourd’hui : la phase d’utilisation du produit, celle qui suit son achat. Celle où le consommateur lui-même a aussi un rôle à jouer donc. Que devient-il, est-il utilisé, comment, tombe-t-il en panne…? Les acteurs de l’économie circulaire s’intéressent à tous les événements de cette vie et tentent de proposer des solutions (de réparation, de recyclage, d’upcycling) qui soient à la fois accessibles et confortables pour les consommateurs. Chapeau à David, de l’entreprise Jean Bouteille, qui s’est collé à l’exercice, pour une définition qui me parle et je pense a convaincu. 🙂

Place aux acteurs

Comme je l’ai expliqué donc, quatre intervenants étaient venus présenter leur organisation hier soir. Voici leur présentation, dans l’ordre de la soirée.

Place à la seule femme présente parmi les intervenants, qui présentait l’association Zero Waste France, qui porte le message du Zéro déchet-Zéro Waste en France. Pourquoi « Zero Waste » plutôt que « zéro déchet » ? Parce que le mot anglais « waste » a une double-signification : « déchet », mais aussi « gaspillage ». L’objectif de Zero Waste est de promouvoir les modes de vie et de travail ne produisant ni déchet, ni gaspillage.

Le projet en cours de l’association Zero Waste France est la construction prochaine de la première maison Zéro déchet en France : elle sera à Paris, dans un local qui reste à trouver (d’ailleurs, l’association est en recherche active d’un local d’environ 250 mètres carrés sur Paris… et accueille toute suggestion). L’association a lancé une campagne de crowdfunding en ligne pour financer l’installation dont le premier palier a déjà été franchi avec brio. La campagne continue, les dons suivants serviront à amplifier la communication sur le projet… voire à construire des maisons zéro déchet dans d’autres villes françaises. Les défis proposés par Zéro Waste ? Participer à la campagne de crowdfunding, adhérer (le montant de l’adhésion est libre), ou encore participer à l’une des nombreuses actions ponctuelles qu’elle organise sur le terrain : la prochaine d’entre elles sera une opération de ramassage de mégots de cigarettes, en partenariat avec l’association Surfrider.

Illustration de la campagne Maison Zéro déchet sur Ulule

Illustration de la campagne Maison Zéro déchet sur Ulule

Le deuxième projet présenté était celui de l’entreprise Jean Bouteille. Son objet : remettre le système de consigne des bouteilles au goût du jour. L’entreprise propose à des magasins et entreprises d’installer des systèmes de consigne de bouteilles associés à des distributeurs de vrac liquide : huile, vin et vinaigre. Une fois les bouteilles consignées rendues par les clients du magasin, Jean Bouteille les récupère et les lave avant de les remettre à la disposition du magasin. Née dans le Nord, l’entreprise est encore peu présente en Ile-de-France (l’intervenant a mentionné un magasin Franprix à Nogent-sur-Marne et un magasin dans le 17e arrondissement de Paris). Le défi proposé au public : consommer sans emballage pendant sept jours. Le défi le plus relevé de la soirée à mon avis 🙂

 

Le troisième projet était la plate-forme Mutum, un site en ligne qui permet le prêt et l’emprunt d’objets entre particuliers. Quand d’autres sites se sont développés autour de la location de ces objets qui dorment chez chacun de nous (en moyenne, chaque foyer français héberge 34 objets qui ne sont utilisés qu’une seule fois par an… quand ils sont utilisés). Pour reprendre l’exemple de la perceuse, souvent repris par les sites de location entre particuliers, les statistiques montrent que celle-ci n’est utilisée en moyenne que 12 minutes sur toute sa durée de vie. L’idée est donc d’éviter l’achat et d’emprunter la perceuse d’une personne près de chez soi. L’occasion de faire des économies, d’éviter de créer un déchet (cette perceuse finira un jour ou l’autre à la déchetterie) et pourquoi pas, de nouer des liens avec son voisin. Le défi proposé par Mutum ? Faire le tri chez soi pour dénicher ces objets inutilisés que l’on pourrait proposer au prêt sur leur plateforme.

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Le quatrième acteur présent était UpCycly. L’objectif d’UpCycly ? En trois mots, revaloriser nos déchets. L’équipe d’Upcycly intervient comme facilitateur d’ateliers participatifs d’upcycling dans des entreprises et auprès de particuliers, pour proposer aux personnes de transformer ce qui est normalement considéré comme des déchets en nouveaux objets. Upcycly réutilise notamment des chutes de bois et des palettes pour en faire des objets, des meubles (en photo ci-dessus, voici d’ailleurs mon horloge made by UpCycly :)). UpCycly a invité l’assistance à venir au Pré-Saint-Gervais le 26 novembre, pour participer à la prochaine Upcycly Fest,  un atelier d’upcycling collaboratif ouvert à tous les publics. Par ailleurs, UpCycly recherche activement une personne intéressée par ses activités à ayant la fibre commerciale pour communiquer sur ses activités et contribuer à son développement. Vous pouvez trouver toutes les infos et contacts sur leur page Facebook.

« C’est bien tout ça, mais qu’est-ce que nous, les gens, on peut faire ? »

Cette question posée dans le public hier était pertinente, car elle a permis de rappeler que chacun de nous est présent et a le pouvoir d’agir dans le cycle de vie des produits qu’il consomme, en n’achetant pas un produit qu’il n’utilisera que peu, en réparant, en réutilisant, en donnant, en upcyclant… Les possibilités sont multiples et valent la peine d’être diffusées 🙂 Et Koom, hôte de la soirée, peut nous aider à passer à l’action : sa plateforme Web propose à des particuliers, des entreprises et des villes de relever des défis pour agir sur des enjeux liés au développement durable. Une autre source de conseils et d’infos et de mise en marche qui vaut la peine d’être suivie !

Mouvement civique en co-construction

Rentrée chez moi hier soir, je décide pour la première fois depuis longtemps de regarder ce qui passe à la télévision et je tombe sur l’émission « Des paroles et des actes », avec en vedette Nicolas Sarkozy apparemment en pleine forme qui déclare : « Moi je ne commente pas. J’agis ! » Je n’épiloguerai pas, car c’est le moment que j’ai choisi pour éteindre la télévision et changer d’écran…

Je ne sais pas vous, mais moi la perspective de revoir les mêmes se présenter aux élections en 2017 me déprime quelque peu… Comme l’a très bien dit Cynthia Fleury mercredi soir : « Nous sommes en train de préparer une redite de 2012. La France est en radotage complet. » Malgré leur caractère négatif, ces mots-là ont fait sourire l’assistance. Une assistance venue assister à une réunion organisée par le mouvement « Ma voix », des gens qui comme moi étaient « venus pour voir », ou des gens plus convaincus, venus pour travailler sur le projet. Dans une ambiance très positive et bienveillante.

L’objectif de « Ma Voix » ? « Hacker » l’Assemblée nationale, rien que cela. Comment ? En mettant en place un processus véritablement démocratique, qui serait le contrepoint du processus parlementaire actuel. Dans le système actuel, totalement cloisonné, les citoyens s’expriment une fois tous les cinq ans pour élire des représentants d’une élite qui restent ensuite entre eux et votent des lois sans rendre de compte ni à leurs électeurs, ni aux autres. Découragés, les gens n’ont que peu de moyens de s’exprimer : l’abstention et le vote extrême… et en ultime recours le « vote républicain ».

Pour sortir de ce « radotage », « Ma voix » a pour objectif de présenter – et faire élire – des candidats aux élections législatives de 2017. « Hacker » l’Assemblée nationale, ce serait y faire entrer des députés qui représenteraient véritablement des citoyens, tous les citoyens qui auraient choisi de participer. Techniquement, cette participation se déroulera sur une grande plate-forme en ligne (en co-construction), sur laquelle les citoyens pourront s’inscrire afin de débattre ensemble sur les projets de loi et voter. La mission des futurs députés « Ma voix » consistera alors à se répartir les voix exprimées sur la plate-forme afin de les faire entendre dans l’hémicycle. Une façon de casser la logique de députés à la botte du parti majoritaire, et de redonner la parole aux citoyens qui le souhaitent.

Pour atteindre la liberté, il te faut sauter

Pour atteindre la liberté, il te faut sauter !

 

Lancé par une poignée de personnes, le mouvement réunit et attire de plus en plus de personnes prêtes à réfléchir et participer : ce mercredi, l’échange avec Cynthia Fleury a été suivi d’ateliers de co-construction du projet. Car au-delà du côté utopique de présenter des candidats et de les faire élire, le projet met l’accent sur un aspect plus fondamental, qui est celui de la formation à la citoyenneté : une formation nécessaire pour accéder à ce que Cynthia Fleury appelle la « citoyenneté capacitaire », entendez une citoyenneté dans laquelle le citoyen ait vraiment une parole et l’exprime. Au-delà du (doux) délire de faire élire des députés, « Ma voix » c’est une plate-forme sur laquelle des citoyens de tous les horizons pourront se réunir et surtout se former, afin de participer aux débats et de voter en toute conscience. Ce processus de formation est déjà en cours, à travers les rencontres organisées avec des experts (c’était Cynthia Fleury mercredi, l’invitation est en cours pour la prochaine édition… et d’autres rassemblements s’organisent dans plusieurs villes de province aussi) et le travail de création d’un MOOC qui permettra de se former sur le système parlementaire français… Meilleur que ne l’ont jamais été mes cours d’éducation civique de collège 🙂

Incomplet, le projet ? Bien sûr, car tout est en co-construction. Utopique ? Il le revendique ! Si cette utopie permet d’aller de l’avant en se formant et en essayant d’insuffler un peu plus de (vrai) débat, de positif et de souffle dans notre démocratie quelque peu croulante, je me dis… « allons-y ! ». Aux plus sceptiques, je conseille de regarder la conférence TEDX de Sandrine Roudaut sur l’utopie, dont j’aime en particulier la chute : « Si nos évidences sont les utopies d’hier, les évidences de nos enfants et de leurs enfants ne peuvent être que nos utopies. »

Si vous êtes sur Paris, rendez-vous le 16 mars pour la prochaine rencontre… ou pourquoi pas, pour connaître d’autres initiatives citoyennes, mercredi prochain, pour une Up conférence sur le thème Rebooter la démocratie !

Bonus

Un storify qui reprend les tweets qui ont fusé pendant la soirée : http://bit.ly/23Nos8M

Un entretien avec Cynthia Fleury sur son dernier livre, « Les irremplaçables » : http://revuetenten.com/cynthia-fleury/

Le site de Ma Voix : http://www.ma-voix.fr/