Une fois n’est pas coutume, ceci est le compte rendu de mon week-end 🙂 Un week-end moitié studieux, moitié loisirs. Loisirs, parce que je l’ai passé à Berlin, où, je l’avoue piteusement, je n’étais jamais allée, mais où il est aussi évident que je retournerai. Studieux, parce que j’y suis allée dans le but d’assister à la conférence « Übersetzen in die Zukunft », une conférence organisée par l’association des interprètes et traducteurs allemands (Bundesverband der Dolmetscher und Übersetzer).
La conférence avait lieu du vendredi 28 au dimanche 30 septembre, dans un bâtiment de la Freie Universität de Berlin, à la fois proche du centre et situé dans un quartier très vert et très agréable (Dalhem Dorf) de Berlin. J’ai d’ailleurs été frappée à l’arrivée à Berlin par l’importance des surfaces vertes de la ville. En quelques stations de métro, entre Kurfürstendamm, le quartier shopping où se trouvait mon hôtel, et l’université libre, j’ai complètement changé d’univers pour me retrouver dans un quartier très calme qui ressemblait plus à une banlieue résidentielle qu’à un quartier d’une capitale (du moins dans l’idée que je m’en faisais).
Au programme de la conférence, de nombreux interventions d’ordre général sur l’évolution des métiers de traducteur et d’interprète et des ateliers sur différents thèmes.
Le statut du traducteur
Je m’étais fait la réflexion lors d’autres rencontres professionnelles, et en conséquence j’avais un peu peur que les discussions organisées tournent à ce que j’appelle une « tournée des lamentations ». Vous savez, le genre de discussions où, lorsque le présentateur propose de donner la parole au public, arrive un traducteur qui profite de l’arène pour se plaindre de ses clients (généralement des agences sans foi ni loi). Si le présentateur est suffisamment talentueux pour parer « l’attaque » et relancer le débat là où il a été interrompu, alors tout va bien. Mais malheureusement, cela n’est pas toujours le cas.
Cette fois-ci, j’ai trouvé les discussions assez équilibrées, d’autant que les différents profils de traducteur étaient assez bien représentés : nous avons aussi bien pu écouter ce que j’appelle des traducteurs-entrepreneurs tels que Barbara Ölschleger, Roland Hoffmann et Christine Durban, dont j’ai une fois de plus beaucoup apprécié la verve, après l’avoir vue une première fois dans le cadre de la formation « Réussir son installation et se constituer une clientèle » de la SFT, que des traducteurs déclarant ouvertement travailler majoritairement pour des agences de traduction ET avec des outils de TAO avec grande satisfaction. Cela fait douze ans (ouf !) que je suis traductrice, et en douze ans j’ai déjà évolué dans l’idée que j’ai de mon métier, autant du fait des évolutions technologiques que de l’évolution du marché. S’il y a une chose dont je tiens à me préserver, c’est de juger du bien-fondé de la démarche de tel ou tel collègue : pour moi, il n’y a pas un profil unique de traducteur, mais de nombreux profils, qui répondent chacun aussi bien à des demandes diverses des clients que des besoins et aspirations des traducteurs eux-mêmes.
La conférence a encore une fois laissé une grande place au concept du « traducteur-entrepreneur », qui porte, outre la casquette de traducteur, celles de communicant/marketeur/administrateur/comptable (miam :)). Je trouve qu’il est utile de rappeler que nous sommes, en tant que traducteurs indépendants, des entrepreneurs : c’est d’autant plus important que trop d’étudiants s’installent directement à la sortie de leurs études sans avoir aucune notion de l’importance de se présenter et d’agir comme des professionnels (je trouve que cet aspect manque cruellement dans les cursus de formation). Par ailleurs, je suis d’accord avec l’un des présentateurs qui a affirmé, au cours de l’une des conférences, qu’il appartient à chacun de décider de la façon dont il souhaite travailler : autant l’idée de travailler pour des clients directs, donc sans intermédiaire prélevant sa marge et contrôlant une partie du projet, peut sembler séduisante, autant il est normal et légitime qu’elle puisse rebuter un traducteur qui souhaite se consacrer à son cœur de métier plus qu’aux fameuses casquettes qu’on voudrait lui coller.
Je pense que notre métier (et ses marchés) est trop divers et multiple pour pouvoir être pratiqué d’une seule manière. Comme beaucoup d’intervenants l’ont d’ailleurs répété, il appartient à chacun de réfléchir à la façon dont il souhaite travailler et de trouver son marché à lui. Personne ne devrait juger de la façon dont une autre personne exerce son métier.
Les ateliers
La conférence m’a donné l’occasion de suivre des ateliers : le premier, sur les moteurs de recherche, était animé par un Français vivant en Allemagne, Michel Décombe, qui forme des étudiants aux méthodologies de recherche sur Internet. Je m’attendais à une discussion sur les difficultés d’obtenir des informations fiables sur Google et le Web 2.0 en général, j’en suis ressortie avec un rappel salutaire sur les opérateurs de recherche (dont ça faisait longtemps que je ne les utilisais plus) et sur le mode de fonctionnement des moteurs de recherche. On se concentre généralement sur les mots-clés que les auteurs de pages Web ont pu associer à leurs pages, alors que les moteurs de recherche indexent des pages « à la volée ». Dans ce contexte, les opérateurs (ET, OU, SANS, ENTRE…) sont importants, car ils permettent de véritablement faire le ménage dans les milliers d’occurrences (im)pertinentes que l’on ne manque pas de récupérer lorsqu’on a la malchance d’effectuer une recherche sur un terme courant… Petit article sur ces opérateurs à venir prochainement.
Un autre atelier-conférence était consacré à la sauvegarde et à l‘organisation des données. S’il était intéressant sur le plan matériel, j’ai été déçue par le fait que les possibilités de sauvegarde sur le Cloud soient complètement mises de côté. Ayant suivi une formation la semaine dernière sur les capacités du Cloud et des outils et applications Google en général, j’ai eu en une semaine deux discours aussi intéressants qu’opposés dans leurs conceptions : l’un à fond pour la virtualisation, l’autre (lors de la conférence) plus mesuré et encore très attaché à contrôler toutes ses informations de bout en bout. Je pense et j’espère qu’une solution hybride mais sécurisée, entre le tout virtuel et le tout matériel, est possible… Si vous avez des pistes, je suis d’ailleurs ouverte à toutes les suggestions !
Les outils
SDL Trados, Transit, MemoQ… Personnellement, je me suis formée à plusieurs outils différents ces dernières années et je dois dire qu’avant de venir à cette conférence, j’avais l’impression d’assez bien connaître le paysage de la TAO… Il y avait au moins dix stands sur le côté salon de la conférence qui présentaient des produits dont je n’avais jamais entendu parler ! Je vais faire quelques petites recherches et rassembler mes notes avant d’en écrire plus.
En conclusion : une conférence très intéressante, au cours de laquelle j’ai pu écouter et voir des personnes très différentes et aussi apprendre des nouvelles choses. La BDÜ est très active et propose une revue professionnelle (MDÜ) et des formations régulières (en Allemagne…). Une référence intéressante pour des germanistes.
Des commentaires, des idées ? N’hésitez pas à m’en faire part 🙂