Samedi 25 mai 2013, 5h45 du matin. Rendez-vous au centre omnisports d’Avallon, QG d’Oxfam ce week-end, pour petit-déjeuner tous ensemble avant de prendre le départ de l’Oxfam Trailwalker. Ca y est, on y est, après plus de quatre mois d’entraînement à raison de 2 à 3 marches par semaine et des efforts de collecte qui nous ont permis de récolter près de 2 000 euros 🙂
Kilomètre zéro Nous passons la barrière de départ symbolique à 7h03. L’ambiance est à la bonne humeur. Nous sommes 188 équipes, soit 752 personnes, sans compter les supporters, à traverser la ville au petit matin… En espérant que les habitants du coin sont des lève-tôt… !
27e kilomètre Au PC2, nous avons droit à un déjeuner froid (sandwich et salade). Le moral est bon, malgré la pluie qui tombe par intermittences et le fait que nous sentons bien les dénivelés. Avec l’hiver pourri dont nous sortons à peine, nous n’avons pas vraiment eu l’occasion de faire beaucoup de marche en terrain irrégulier. Après trois mois de pluie discontinue, les chemins sont bien gadoueux. Objectif : atteindre le PC 4, à une distance de 57,3 km du départ, suffisamment tôt pour prendre une vraie pause dîner. La pause intermédiaire sera courte.
41e kilomètre Alors que je viens de ressentir mon premier vrai gros coup de ras-le-bol, entièrement personnel et intériorisé je vous rassure (« Raaah, que c’est long !! »), nous sortons de bois, dont je regrette la couverture contre la pluie… avant d’entrer dans d’autres bois, majestueux, qui entourent le réservoir de Chaumeçon. Il y a des cascades, de la mousse sur les arbres… Ca m’évoque Brocéliande… que je ne connais pas d’ailleurs ! Bref, c’est très beau. Le moral remonte en flèche.
57e kilomètre Menu du dîner, premier repas chaud de la journée : pâtes, blanc de poulet et légumes, mais surtout pâtes. Nous le savourons ! Nos supporters nous rejoignent et sont aux petits soins pour nous, c’est très réconfortant. Préparation de la marche de nuit : pansements anti-ampoules un peu partout et jambes en l’air pendant une quinzaine de minutes. Après une grosse pause de 2 heures, nous mettons nos lampes frontales et partons pour ce qui, d’après le cahier de route, devrait être deux étapes de 7 kilomètres relativement faciles.
Pour le coup, nous déchantons… En fait nous passons les 14 kilomètres suivants à patauger dans la gadoue et la plupart du temps en descente… Résultat : nous mettons plus de quatre heures pour faire 14 km. Moyenne cassée et moral… un peu aussi ! Pour tout arranger, le froid devient plus prenant et la fatigue commence sérieusement à se faire sentir. Par moments, nous évoluons un peu comme de véritables zombies au milieu des champs, nous nous voyons et nous parlons à peine, ça devient difficile.
80e kilomètre Nous retrouvons nos repères, et le joli pont que nous avions vu lors de l’entraînement du mois d’avril, avec le cours d’eau qui passe en dessous (ou serait-ce carrément l’Yonne ?!). Cette beauté et le soleil qui se lève enfin font beaucoup de bien, même si les pieds commencent à faire vraiment mal. Les kilomètres deviennent de plus en plus longs.
84e kilomètre Le petit-déjeuner qui fait du bien, même si j’ai mangé un sandwich il y a moins d’une heure. Je me sens un peu comme un estomac sur pattes (qui font mal), à avoir sans arrêt la dalle ! Il nous reste quatre heures et demie pour faire les 16 derniers kilomètres. Tout à fait faisable…! Ma consolation, c’est que je retrouve enfin un réseau digne de ce nom, donc Facebook (Yes!!). Ah ben mince, y’a personne en ligne à cette heure-ci…
84e – 93e kilomètres « Mais qu’est-ce que c’est ch**** la marche ! ». Vous l’avez compris, je vis donc mon deuxième (ou était-ce le troisième ?) gros coup de ras-le-bol. C’est long… A noter un petit progrès cependant : en cherchant un moyen de soulager mes pieds qui me font mal à chaque pas, je trouve une sorte de démarche entre la marche et la course à pied qui me permet d’éviter de poser tout le pied par terre. Ca soulage et miracle, je n’ai pas mal au genou et je ne me sens pas totalement épuisée ! Malheureusement, cet état de grâce n’est que (très) passager.
94e kilomètre Bon là y’en a marre, ras-le-bol. C’est pas possible, le gars qui a posé les panneaux de kilométrage s’est trompé ou alors on est carrément dans le rouge !! Et ils sont tous du complot : même ces gentils supporters et voisins qui viennent à notre rencontre sur le chemin pour nous dire : « C’est bon, c’est à à peine un ou deux kilomètres maximum ! ». Ils sont gentils, tout ça, mais purée, quand ça fait 95 kilomètres que tu marches… Ce ne sont pas des choses à dire !!
94e kilomètre Oh, du monde à nouveau… Nos supporters sont enfin levés, c’est pas trop tôt !!
Ils commencent par nous mitrailler avec leurs appareils photo : ça, c’était vraiment pas la peine. Puis ils nous accompagnent jusqu’à l’avant-dernier PC où on va juste pointer avant de repartir directement, histoire de ne pas traîner. Nous repartons sur du bitume. Moi qui il y a quelques jours encore maugréais contre les trottoirs de Paris et du Val-de-Marne, que j’ai beaucoup trop vus à mon goût pendant l’entraînement, hé bien je me retrouve à l’apprécier. C’est plat, c’est beau, y’a pas d’aspérité pour te tuer le pied à chaque pas que tu fais… C’est juste beau, quoi ! Ah mince, beauté et caractère surprenant d’un Morvan aux paysages variés oblige, le terrain change à nouveau… et revient à la caillasse !!! C’est reparti pour un dernier segment interminable, pendant lequel j’ai quand même le temps de me dire que finalement la gadoue, c’est pas mal comme amortisseur quand t’as mal aux pieds…
100e kilomètre YES, WE CAN ! Nous arrivons enfin sous les holas de la foule. Je trouve même presque la force de trottiner sur les derniers mètres (la vidéo s’il y en a une doit être d’anthologie). Nous l’avons fait, ça y est ! Notre temps : 29 heures et 10 minutes. We did it!
Voilà, ceci est mon témoignage totalement gratuit sur l’Oxfam Trailwalker 2013 tel que je l’ai vécu au sein de l’équipe des Yes, we can ! Je n’ai aucune intention de la jouer objective ou bisounours. C’est ma version toute personnelle, et je suis certaine que celles de mes « collègues » sont sans doute bien différentes 🙂 Quoi qu’il en soit, je profite une nouvelle fois allègrement de cette plate-forme pour remercier les équipes d’Oxfam, salariées et bénévoles, pour une organisation et un accompagnement formidables de bout en bout, ainsi que toutes les personnes, supporters et donateurs, qui nous ont soutenues avant et pendant la marche : vos messages, même si nous n’avons vu certains d’entre eux qu’après l’épreuve, nous ont été d’une grande aide et nous ont beaucoup touchées (et là je parle au nom de l’équipe !). Un grand merci pour nous et pour Oxfam, qui a rempli son objectif principal d’ailleurs, en récoltant plus de 350 000 euros. Et ça n’est pas fini ! Notre page de collecte reste en ligne jusqu’à la fin du mois de septembre. Donc, si vous êtes décidé ou que nous vous avons convaincus… N’hésitez pas 🙂