La Up Conférence de la semaine dernière au Café Mondes et Médias, avec Nicolas Métro, a attiré beaucoup de monde, entrepreneurs sociaux et autres curieux (dont je faisais partie). Au programme : métro, boulot, idéaux. Mais aussi de l’éthique. Et des arbres !
Savez-vous ce qu’est un baobab ? C’est un arbre géant majestueux, qui pousse pendant des siècles et étend ses ramifications haut dans le ciel. Selon Nicolas Métro, nous naissons tous baobabs, des rêves et de grandes ambitions plein la tête. Puis, sous l’effet de notre éducation, puis des conventions, nous oublions nos rêves de grandeur pour nous ratatiner… à l’état de bonsaïs. Formatés, conformes, tous un peu pareils. Un jour, Nicolas Métro s’est senti trop à l’étroit dans sa carrure de bonsaï, et il a ressenti le besoin de redonner du sens à sa vie. Aujourd’hui, plusieurs virages et douze ans plus tard, il l’a trouvé dans l’entreprise sociale qu’il a fondée, Kinomé.
Kinomé, qui signifie « œil de l’arbre » en japonais, est la synthèse des deux « piliers » qui donnent son sens à la nouvelle vie professionnelle de Nicolas Métro : les arbres, pour lesquels il entretient une passion (en particulier les baobabs), et l’éthique. Plus précisément, Kinomé est une entreprise qui agit en faveur de la reforestation dans le monde, à travers le mouvement Forest & Life. Si elle n’est pas le premier acteur dans le domaine de la reforestation, elle se distingue par son approche éthique, centrée en premier lieu sur l’être humain.
C’est quoi, une approche éthique « centrée sur l’être humain » ?
Développons. Basiquement, au moment de l’étude d’un projet de reforestation, les experts de Kinomé tentent de répondre à la question suivante : comment transformer le problème de départ (le besoin de replanter des arbres) en solution aux problèmes propres à l’emplacement choisi, et surtout aux personnes qui y résident ? La forêt est indispensable à la vie : les êtres humains dépendent d’elle pour boire, manger, se soigner. Malheureusement, cet état de connaissances et les alertes les plus sérieuses n’ont pas suffi et ne suffiront pas à enrayer un phénomène de déforestation qui touche tous les pays du monde. D’autant que le plus souvent, la déforestation répond elle aussi à des besoins parfois impérieux : dans les pays en voie de développement, la forêt laisse souvent la place à des cultures vivrières ou est utilisée en tant que source de chauffage, voire comme combustible. Comment convaincre les personnes d’agir autrement ?
Kinomé prend le contre-pied des messages et morales habituels et démontre comment la forêt peut améliorer la vie dans le village ou la zone géographique spécifique où un projet de reforestation est à l’étude. En inversant la problématique, en remettant l’être humain et ses besoins fondamentaux au cœur du projet de reforestation, elle peut ainsi obtenir l’adhésion de tous les acteurs, entreprises, institutions et communautés, concernés, donc la réussite du projet. Cette approche éthique gagnerait sans doute à être répliquée dans d’autres domaines… Qu’en pensez-vous ?
Nicolas Métro a publié un livre, dans lequel il décrit son parcours et donne des pistes pour aider chacun à trouver sa propre voie et redevenir baobab, « Qu’est-ce qui te ferait danser de joie ? ». Un titre bien trouvé pour un beau projet 🙂
Pour en savoir plus
Le site des Up conférences : http://up-conferences.fr/
Le site de Kinomé : http://kinome.fr/
Le livre de Nicolas Métro : Qu’est-ce qui te ferait danser de joie ?
Et, en bonus, la vidéo d’une présentation donnée par Nicolas Métro lors d’une conférence TEDX : http://www.youtube.com/watch?v=NRy7VibovZk