Si je vous dis « journalisme d’impact », « journalisme de solutions » ou « journalisme positif », vous voyez de quoi je veux parler ? Personnellement, j’ai découvert – et été séduite – par ce concept lors d’une présentation de Sparknews il y a quelque temps, mais j’ai mis du temps avant de réussir à le décrire de manière à peu près intelligible et surtout sans provoquer des regards ennuyés ou incrédules. Les termes « solutions » et « positif » n’ont pas bonne presse (excusez l’image facile 🙂 ) dans un paysage des médias mainstream plus souvent centré sur les problèmes et le sensationnel. Et pourtant, c’est un journalisme qui gagnerait à prendre plus de place.
Une journée mondiale du journalisme de solutions
Fondée en 2012 par Christian Boisredon, Sparknews est une entreprise sociale qui prône un journalisme dont le but est de mettre en lumière les solutions aux problèmes plutôt que les problèmes eux-mêmes. Elle promeut cette vision du journalisme sur ses plates-formes en ligne et, depuis deux ans, à travers une journée mondiale, l’« Impact Journalism Day » (IJD) : ce jour-là, fixé au 20 juin à partir de cette année, les rédactions de grands journaux du monde entier publient un numéro spécial solutions. Les dossiers et articles publiés proviennent d’un « pot commun » de contenus regroupés en amont par Sparknews auprès de chacune des rédactions, ou créés directement par ses équipes, dans lequel chacune peut opérer sa propre sélection pour compiler l’édition du jour. Au nombre de 22 en 2013, ils étaient 47 journaux à collaborer cette année. Une belle réussite dont une grande partie des responsables de rédaction et les équipes de Sparknews ont fait le bilan le lundi 8 septembre, en marge du Forum Mondial Convergences à Paris.
Le défi
Scepticisme, défiance face à une approche qui pourrait s’apparenter à faire de la propagande positive ou à un journalisme jugé pas sérieux : quel que soit leur pays ou leur lectorat, la majorité des responsables de rédaction qui ont travaillé sur l’Impact Journalism Day ont connu les mêmes hésitations et difficultés pour comprendre le projet au tout début. Au final, les quelque trente rédacteurs en chef qui étaient venus à Paris pour cette Media Night ont tous témoigné, certains avec émotion, de leur satisfaction et de leur volonté de poursuivre une aventure qui les a conduits à changer radicalement leur manière de travailler.
Les raisons d’être du journalisme de solutions
Pourquoi changer de journalisme alors que les gens continuent d’acheter et de lire les journaux conventionnels ? Pour remplir son rôle de journaliste : raconter des histoires qui inspirent et permettent aux gens de trouver des modèles, ne plus [uniquement] les indigner, mais les pousser à agir (dixit Lova Rabary-Rakotondravony, rédactrice en chef de L’Express de Madagascar). En s’appuyant sur un principe simple : pour s’approprier les solutions et les appliquer, les gens ont besoin de savoir qu’elles existent.
En modifiant leur façon de travailler pour aller rechercher des solutions à mettre en avant pour l’IJD, les journalistes ont pu découvrir que des gens agissaient sur le terrain (Glenda Estrada, El Heraldo, Honduras) et pu à eux tous compiler plus de 100 sujets différents. En ligne ou au format papier, les journaux sont d’excellents vecteurs de diffusion des solutions et des bonnes idées (Michalis Tsintsinis, TA NEA, Grèce), tant auprès des individus que des entreprises : ainsi, plusieurs solutions mises en avant à l’occasion de l’IJD ont été reprises et adaptées dans d’autres pays. Des entreprises telles que Total, partenaire « énergie » de l’Impact Journalism Day, qui opèrent dans de nombreux pays mais n’ont pas les moyens de déployer des outils partout pour s’informer et localiser les bonnes pratiques et solutions à l’échelle locale, sont également très demandeuses d’un journalisme qui se révèle un puissant outil de veille.
Le bilan et la suite
L’Impact Journalism Day 2015, c’était 47 grands journaux, 104 dossiers solutions diffusés, 120 millions de lecteurs, 22 millions de personnes touchées sur les réseaux sociaux ; l’après, ce sont des rubriques solutions régulières qui ont fait leur apparition dans plusieurs journaux (Tages Anzeiger, Le Figaro, La Regione Ticino), des collaborations qui se poursuivent hors-cadre (comme celle entre le Belge Le soir et le Marocain L’économiste en vue d’un dossier sur la vie des immigrés marocains en Belgique), et cinquante titres qui se sont déjà engagés à participer à l’édition 2016 : ces chiffres attestent de la réussite de l’Impact Journalism Day et, au-delà, d’un journalisme plus positif et axé sur les solutions. Un journalisme que tous les responsables de rédaction présents à la soirée souhaitent inscrire dans la continuité.
Comment encourager le journalisme de solutions ?
En l’achetant, en le consommant, en le relayant ! Au-delà des grands journaux partenaires de l’IJD, il existe bien sûr d’autres médias positifs qui travaillent à une narration différente et constructive. Dont je parlerai dans le deuxième article de la série 🙂
Vous prendrez bien quelques extras ?
Un lien vers une vidéo (en anglais) de présentation de Sparknews : https://youtu.be/j01JFMlzOZQ
Impact Journalism Day 2015 : http://www.sparknews.com/fr/node/4656
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