Indice pour les moins de… qui s’interrogeraient sur le titre du film 🙂
Le projet
Au tout début du projet, il y a une rencontre entre une réalisatrice, Judith Grumbach, en pleine interrogation sur l’éducation et l’école suite aux attentats de 2015 ; de l’autre, l’organisation Ashoka, qui souhaitait produire un film documentaire sur des écoles qui proposent des méthodes pédagogiques innovantes. La mission initiale de la réalisatrice était d’aller visiter neuf écoles, neuf “change maker schools” sélectionnées par Ashoka à travers la France pour proposer un reportage constitué de séquences de trois minutes par école.
Au final, elle est revenue de ce tour de France avec 26 heures de rushes et l’envie de rendre justice à tout ce qu’elle avait vu en proposant un long-métrage, qu’elle a enrichi des commentaires de trois experts (François Taddei, Jérôme Saltet et Emmanuel Davidenkoff). Petit portrait-robot de l’école idéale telle que je l’ai entrevue à travers ce film.
“ La colonne vertébrale de ces écoles : la citoyenneté.” Judith Grumbach
L’école que dévoile le film est autant lieu d’enseignement que laboratoire d’expérimentation : expérimentation de savoirs, pour permettre à chaque élève d’acquérir un corpus de connaissances de base (le programme de l’éducation nationale est suivi), mais aussi expérimentation citoyenne, pour apprendre à chaque élève à trouver sa place d’abord à l’école, puis plus tard en société, et cultiver chez lui des attitudes d’acteur de changement. Des compétences qui lui seront essentielles dans son futur professionnel.
Cette école fonctionne sur un mode plus horizontal : les enseignants n’y inculquent plus des savoirs du haut de leur chaire, mais sont au milieu de la classe, avec les élèves, et les assistent dans leur exploration, s’adaptant au mode d’apprentissage de chacun pour lui permettre de trouver les réponses par lui-même.
Elle n’est pas un lieu à part : elle s’intègre entièrement dans son écosystème, et bénéficie du soutien de tous, collectivités, parents et même riverains.
“Ce n’est pas un métier individuel : il faut former une équipe autour de soi.” Isabelle Peloux (Ecole du Colibri)
L’école idéale place au premier plan la bienveillance : bienveillance entre les enseignants et les élèves, bienveillance entre les élèves, bienveillance entre l’école et son environnement. Au cours des discussions qui ont suivi la projection, un spectateur a fait justement remarquer que pour faire preuve de bienveillance, il était important que les enseignants soient eux-mêmes bien dans leur peau. Une remarque confirmée par Isabelle Peloux, qui a rappelé que les enfants, surtout les plus petits, sont en recherche de repères : ils cherchent des adultes qui tiennent debout et qui leur donnent envie de grandir. Dès lors, des adultes plus libérés, qui aiment leur métier et disposent des moyens de l’exercer de la meilleure façon sont leurs meilleurs modèles.
Last but not least : comme leurs enseignants, les élèves de cette école aiment y aller et s’y sentent comme chez eux. Bien sûr, nous ne sommes pas chez les Bisounours, il y a bien des heurts et des disputes. Mais le plaisir qu’ont tous les enfants, les parents et les enseignants des écoles montrées à être et vivre ensemble transparaît dans le film. C’est positif, joyeux et très beau 🙂
A la fin de la projection mardi, les applaudissements étaient nourris et l’émotion forte et palpable. La rumeur dit que Najat Vallaud-Belkacem aurait déclaré le film “de salubrité publique” ! Il s’agit maintenant de le diffuser autant que possible : des projections citoyennes sont programmées un peu partout… et l’équipe du film est prête à répondre à toutes les propositions. Vous pouvez les contacter au choix via le site du film ou sa page Facebook. A nous de jouer 🙂