Ouf !

Hier soir, au Cosy Corner, alors que je tentais — difficilement — de travailler pour faire taire l’angoisse qui me taraudait depuis quelques heures, les soupirs de soulagement de mes voisins de table et le son des klaxons dans la rue m’ont annoncé le résultat électoral. Soulagement. Soulagement de voir une campagne aussi violente que mauvaise, parfois indécente, prendre fin. Soulagement de ne pas voir passer l’Extrême-droite.

Ces prochains jours, j’ai décidé de savourer ce sentiment de soulagement jusqu’à la lie, et de ne pas me lamenter — encore ? — de ce que nous nous retrouvons avec un nouvel oligarque-banquier-et-que-sais-je-encore à la tête du pays. Je veux savourer le fait que notre démocratie, aussi bancale soit-elle, est simplement préservée. Parce que ce dimanche, j’ai simplement accompli mon devoir de citoyenne et que j’ai eu la chance — pour la première fois depuis longtemps — de me retrouver dans la majorité. Rideau sur la présidentielle.

Le mot de la fin par @NeinQuaterly, grand philosophe germano-américain très actif sur Twitter

Et ensuite ?

Aussi fort soit mon soulagement, le vrai flow citoyen de mon week-end, je l’ai expérimenté samedi, au milieu d’autres citoyens comme moi regroupés sur le toit de la Cité de la Mode et du Design. La raison de ce rassemblement : tirer au sort des volontaires pour représenter le mouvement Ma Voix aux élections législatives, dans un mois. Sexy, non ? 🙂 En découvrant Ma Voix, il y a un peu plus d’un an, j’ai rencontré des personnes un peu désabusées comme moi, qui s’étaient rassemblées autour d’un projet un peu fou : faire élire des députés à l’Assemblée nationale…

Ces députés seraient issus de la société civile, après avoir été tirés au sort parmi des volontaires, et prendraient part au vote des lois non pas sur la base de leurs convictions personnelles, mais sur celle des opinions exprimées par des milliers de citoyens sur une plateforme en ligne. Leur raison d’être : “hacker l’Assemblée nationale”, soit littéralement infiltrer un système législatif aujourd’hui verrouillé et rigide, pour y injecter un nouveau code, un peu de démocratie liquide.

Au printemps dernier, au cours de plusieurs soirées et week-ends de travail passés avec Ma voix, je me suis découvert animal politique : un animal politique qui avait envie de retrouver plus de prise sur sa vie et sa citoyenneté, pour sortir du rôle de simple électeur dans lequel il était confiné une fois tous les … ans.

J’ai contribué, comme des dizaines d’autres personnes, à la préparation de la première campagne législative du mouvement : une campagne organisée en un temps record, à l’occasion de la tenue d’une législative partielle anticipée dans une circonscription de Strasbourg.

J’ai des souvenirs mémorables de ces réunions. Je me rappelle de séances de test utilisateur sur la plateforme de formation créée spécialement pour former les futurs candidats (A quoi sert un député ?), de relecture des supports de formation sur notre système législatif, et aussi de cet après-midi de brainstorming fertile dont est sorti ce drôle de prototype d’affiche : imaginez une grande feuille de papier avec une feuille d’aluminium en son centre (créée sur place avec les moyens à disposition :))… Une affiche “miroir”, dans laquelle chaque électeur verrait son image reflétée… Une belle façon de marquer l’absence d’ego et la raison d’être de Ma Voix ?

Je me souviens de discussions enthousiastes mais enflammées entre les convaincus et les sceptiques, qui craignaient que ce soit trop original… voire trop cher. Hier, sur le toit de la Cité de la mode et du design, j’étais émue de revoir cette affiche qui est devenue celle de tous les futurs candidats Ma Voix, et surtout de retrouver une communauté, un mouvement, qui s’est véritablement épanoui en un an.

Hier, nous avons tiré au sort 86 personnes — 43 hommes et 43 femmes — sur les quelque 500 volontaires qui s’étaient inscrits, pour représenter Ma Voix dans 43 circonscriptions françaises. Nous avons surtout célébré la concrétisation d’une utopie, la poursuite d’une expérience collective à travers laquelle nous (ré)apprenons à nous approprier notre citoyenneté et à la vivre activement et en dehors des calendriers électoraux.

Une partie des candidats et de leurs soutiens : à gauche, on devine le flanc du bâtiment de l’Assemblée nationale. Au fond, les drapeaux surplombent l’entrée de la boutique de l’Assemblée Nationale, véritable curiosité locale par ailleurs 🙂 Pour des raisons de sécurité, les policiers ne nous ont pas autorisé à nous rassembler devant le bâtiment.

Bien sûr, si l’on regarde les choses objectivement, on constate qu’au total les candidats Ma Voix seront présents sur moins de 10 % du nombre total de circonscriptions. Bien sûr, il reste beaucoup de travail pour mener les campagnes dans chaque circonscription… et la collecte des quelque 2 500 euros nécessaires pour financer chaque campagne notamment ne sera pas une mince affaire. Bien sûr, cela reste une utopie.

Mais lorsque je regarde le chemin parcouru et que je vois, ressens, l’énergie qui transcendait tout le monde samedi (candidats, groupes de soutien, bénévoles et “simples” citoyens comme moi), je me dis que si le vrai pari est, comme je le pressens, de créer une nouvelle expérience citoyenne et une autre façon de s’engager, pour permettre à chacun de se réapproprier sa citoyenneté et de reprendre sa place dans l’espace public… alors ce pari-là est bien engagé. Et c’est bien ce qui compte 🙂

Le site de Ma Voix : https://www.mavoix.info/

À propos de amchronicles

Traductrice, blogueuse et conspiratrice positive en soif de connaissances et de partage - A translator and positive blogger / tweeter / idea spreader :)

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